Il y a de l’IA dans l’air...
Confortablement installé dans une corbeille moelleusement garnie que mon humain avait posée à mon intention sur une chaise dans la petite pièce qu’il avait aménagée pour les jours où il travaillait à distance (une table et la chaise dénichées à la ressourcerie du coin, un fauteuil et des étagères achetées en promo chez Meublorama, et le tour était joué), je somnolais vaguement en ronronnant d’aise pendant qu’il était absorbé à sa tâche.
De mes yeux mi-clos, je le voyais utiliser ce drôle d’objet qu’il nommait “tablette” et qu’il avait toujours près de lui quand il s’occupait de ses affaires. Il s’agissait d’une sorte de boîtier rectangulaire assez plat de couleur noire, avec une face éclairée qui montrait des textes et des images fixes ou animées, et qui pouvait faire entendre des sons plus ou moins mélodieux ainsi que des voix d’autres humains qui apparaissaient dans la lumière sans pour autant avoir de réelle consistance ni d’odeur renifflable… voilà qui était pour le moins étrange !
J’avoue que ce mystérieux bidule, qui accaparait l’attention de mon humain et dont j’avais compris qu’il était lié à son activité, m’intriguait beaucoup. Je me demandais s’il n’y avait pas quelque sorcellerie là-dedans, et j’avais plusieurs fois essayé d’aller étudier le phénomène de plus près en sautant sur le bureau, mais à chaque tentative mon humain avait stoppé net mes investigations en m’attrapant avec une fermeté attendrie et en disant d’une voix qu’il voulait sévère “Non, Fripon, non, pas sur la table !” avant de me poser par terre.
Pour l’anecdote, Fripon était le nom qui lui était immédiatement venu à l’esprit la première fois qu’il m’avait vu quand je n’étais encore qu’un tout jeune chaton proposé à l’adoption par une dame dont la chatte avait eu une portée. Il paraît que j’étais le plus vif des quatre petits et que c’est parce que j’étais tout de suite venu vers lui que mon humain m’avait choisi.
Fripon… ça sonne plutôt bien, vous ne trouvez pas ? Et puis au moins, c’est plus original que “Minou” !
Pour en revenir à mon enquête au sujet de cette “tablette”, j’avais même tenté de m’introduire subrepticement dans le bureau de mon humain, notamment quand il était absent ou la nuit lorsqu’il dormait. Mais bernique, la porte était toujours bien fermée (le diable soit de ces vantaux qui nous empêchent, nous les chats, créatures libres et indépendantes, d’aller où bon nous semble quand bon nous semble !) et j’avais beau sauter pour attraper la poignée (parce que j’avais bien compris qu’il fallait l’actionner pour que la porte s’ouvre), mes griffes n’accrochaient pas sur ce satané métal glissant.
Je n’avais donc pas encore pu aller sniffer le bidule de près pour m’en faire une idée précise, et il fallait que j'échafaude un nouveau plan.
J’allais m’endormir pour de bon sur ce constat quand un coup de sonnette retentissant me fit sursauter et dresser la tête, me mettant sur le qui-vive.
Mon humain leva des yeux interrogateurs de son travail, quitta son fauteuil et partit dans l’entrée. Aux aguets (on ne sait jamais, peut-être y avait-il un danger, il valait mieux que je sois prêt à filer sous un meuble au cas où, on n’est jamais trop prudent), je tournai les oreilles dans la direction où mon humain était allé afin de capter tous les bruits.
Je l’entendis ouvrir la porte palière et parler. Une autre voix lui répondit, que je reconnus immédiatement. C’était la voisine du dessous, une dame très gentille qui venait me nourrir, changer mon eau, nettoyer ma litière et jouer un moment avec moi quand mon humain partait pour plusieurs jours. Elle adorait les chats mais n’en avait pas parce que son mari n’en voulait pas (bizarre, ce type…! ).
Attentif à ce qui se passait dans l’entrée, je compris d’instinct (vous savez, le célèbre “sixième sens” des chats…) que cela pouvait durer un peu quand mon humain fit entrer la voisine et alla discuter avec elle au séjour.
C’était mon jour de chance ! J’étais seul, mon humain était occupé dans une autre pièce… c’était l’occasion à ne pas manquer pour en savoir un peu plus sur la fameuse “tablette” ! Tant pis pour ma gentille admiratrice, j’irais la saluer une autre fois.
Bondissant sur mes quatre pattes, sans même prendre le temps de m’étirer, je sautai sur le bureau (et fut presque étonné de ne pas entendre le sempiternel “Non, Fripon, non, pas sur la table !” ). Le mystérieux bidule était à présent à quelques dizaines de centimètres… pour ainsi dire à portée de ma truffe !
Je m’en approchai à pattes de velours, en marchant au passage sur le dossier que mon humain était en train d'étudier quand la voisine avait sonné. Puis arrivé devant la “tablette”, dont la face lumineuse s’était éteinte, j’entrepris de la sniffer scrupuleusement, en progressant par petites touches, les vibrisses en alerte. Je sentis d’abord le contact inerte du plastique sur mon nez sensible, puis je décelai l’odeur d’ici et celle plus précise des doigts de mon humain (la même que celle qu’il laissait sur mon pelage quand il me caressait)… Lorsque soudainement, je ne sais pourquoi ni comment, l’étrange objet s’éclaira de nouveau d’une lumière vive, qui me surprit. Reculant vivement la tête, je vis les mots “Chat GPT” s’afficher.
Interloqué, je m’assis un peu en retrait et considérai le bidule avec un étonnement non dissimulé… “Hein ? Chat j’ai pété ?! (*) Je rêve ou quoi, là ! Non seulement ce machin émet des gaz, mais en plus il s’en vante et ne s’en excuse même pas ! Faut surtout pas se gêner ! Espèce de dég… oûtant, va !!”
Alors, pour lui signifier ma désapprobation, je lui miaulai sèchement “T’aurais pu dire pardon, quand-même !” avant de sauter sur le sol. Mon jugement définitif sur cette malapprise de tablette était fait.
~ Mai 2025 ~
(*) Quand on prononce le nom du célèbre “agent conversationnel” fonctionnant avec l’IA (ou “chatbot” pour les initiés) à la française, c’est-à-dire en ne disant pas le “t” de “chat” et en épelant ensuite GéPéTé (et non pas GiPiTi comme en anglais), ça peut prêter à confusion ! 😏
Et c’est justement de cette constatation qu’est né cette nouvelle 😁
Illustration réalisée par collage numérique... sans que j’aie recours à l’IA pour disposer les éléments et créer l’ambiance correspondant à mon texte ! ✋️ C’est tellement plus plaisant de le faire soi-même 😊
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Où es-tu ?
J’aimerais que tu sois près de moi
quand j’ai tellement besoin de toi,
quand la vie durement me malmène,
quand l’espoir me met à la peine...
J’aimerais que tu sois simplement là,
que tu me serres fort dans tes bras
quand la lumière en mon cœur s’éteint,
quand une sourde mélancolie l’étreint...
J’aimerais savoir comment enfin arrêter
l’infernale sarabande de mes pensées,
sur ta force intérieure me reposer,
laisser sans honte couler un flot de pleurs
pour qu’ils emportent mes intimes peurs...
Au fond de moi, j’ai beau savoir, pourtant,
que tu es là, attentif et bienveillant, (*)
le sentiment de solitude est grand
quand s’annoncent de douloureux moments
faits de rudes épreuves et de longs tourments
qu’il faudra bien affronter, courageusement.
~ Octobre 2021 ~
Pouvoir compter sur le soutien de quelqu’un quand on se trouve confronté à l’épreuve est inestimable. J’ai pu moi-même l’expérimenter plusieurs fois au cours de ma vie et cela m’a été d’un grand secours.
Et alors que je me trouvais au début d’une période dont je savais qu’elle serait terriblement éprouvante lorsque j’ai écrit ces vers, j’ai pensé à tous ceux qui n’avaient pas ma chance d’être entourés d’amis et de proches comme je l’ai été. Aussi l’emploi de "je" dans ce poème est-il plus narratif que personnel.
(*) Ce vers peut tout aussi bien se décliner au féminin, c’est-à-dire "que tu es là, attentive et bienveillante" 😉
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Au cœur de l’ombre...
Blanche, blonde, rousse ou de sang,
ronde et pleine, ou mince croissant,
d'abord montante, ensuite descendante,
au cœur de l'ombre, lueur brillante,
de sa clarté l'obscurité éclairant,
telle un ange protecteur vigilant,
accompagnant la terre fidèlement
en un mouvement de valse permanent,
union née de la nuit des temps,
éclat lointain mais toujours présent,
discrète lune, astre bienveillant.
~ Mars 2020 ~
🌒🌓🌖🌕🌔🌗🌘
L’éclipse de lune de la nuit dernière (7 à 8 septembre), visible depuis nos contrées (si le ciel était dégagé, bien-sûr), a ramené à mon esprit ce poème écrit au printemps 2020, que je n’avais pas encore publié sur Nuances de Plume, et pour lequel je me suis amusée à composer une illustration numérique sans prétention (version lune de sang) 🪶🌙
Composition numérique réalisée à l’aide d’éléments picturaux en provenance des banques d’images Pixabay et ClearPNG.
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Premier jour
Ce soir, Sékou est tout excité car demain, il va vivre un moment décisif de sa jeune vie... Pour la première fois il va faire sa rentrée, il va aller à l'école.
Il en rêve depuis que Coumba, sa grande sœur, lui a parlé de ce lieu ouvert par des humanitaires il y a quelques années et où elle va quatre jours par semaine.
Elle lui a déjà dit combien les maîtres sont gentils, là-bas.
Le premier jour, ils accueillent les élèves avec des cadeaux, un cahier aux pages blanches où sont tracées des lignes grises, une trousse avec des stylos bleu, rouge, vert, ainsi qu’un crayon qui s’efface avec une gomme, un livre de lecture avec des images, et un tablier coloré, le tout dans un petit sac de toile qu’il devra toujours avoir avec lui quand il ira en classe. Elle lui a même montré ce qu’elle avait reçu, l’année dernière.
Mais à la veille de ce jour si important pour lui, il veut en savoir plus. Alors elle lui raconte l'odeur poudreuse de la craie, son crissement sur le tableau noir, les lettres qui ressemblent à des petits dessins délicats et qu'il imagine comme des papillons, les livres qui contiennent tout le savoir, les belles histoires que connaissent les professeurs et qu'il pourra bientôt lire tout seul.
Et la cantine où des dames attentionnées distribuent le repas à midi, ainsi que les récrés, ces moments où il retrouvera les gamins des autres villages pour jouer, tous les nouveaux copains qu'il se fera.
Ce soir, Sékou n'arrive pas à s'endormir, il est tellement impatient ! Pourtant, il devrait se reposer car demain matin, il lui faudra se lever aux aurores et marcher pendant près de deux heures avec sa sœur sur une piste à travers la brousse pour arriver à l'école, là-bas, au grand village.
Alors Coumba prend son petit frère dans ses bras, tout contre elle, et lui chante une chanson douce que leur mère lui a apprise. Sékou finit par sombrer dans le sommeil et rêve de l'école qu'il se représente comme un lieu empreint de magie.
Écrit sous forme de poème en août 2020
Repris en prose en septembre 2025
🎒📚🖊
Alors que cette semaine a été marquée par la rentrée scolaire des jeunes français (dont certains ont peut-être traîné des pieds pour retourner à l’école, d’ailleurs !), cela n’a pas été le cas pour plus de 251 millions d'enfants qui, dans le monde, ne sont pas scolarisés (essentiellement en Afrique ainsi qu’en Asie du sud et du sud-est).
Lorsque j’étais collégienne puis lycéenne, mes parents ont parrainé deux enfants via l’association Aide et Action (*), d’abord une jeune Indienne puis une jeune Sénégalaise, et m’avaient confié de correspondre avec elles.
Pour écrire ce texte, je me suis donc inspirée de cette expérience, notamment pour essayer de faire ressentir ce que peut représenter l’école pour les enfants des pays où leur scolarisation est loin d’être une évidence.
Pour l’anecdote, Coumba était d’ailleurs le prénom de ma petite correspondante sénégalaise.
(*) Créée en 1981, l’association Aide et Action s’appelle Action Éducation depuis 2022. Elle propose désormais de parrainer des projets (et non plus individuellement des enfants) afin de favoriser l’éducation dans le monde (école, scolarisation d’enfants handicapés, cours pour adultes, formations à l’enseignement, etc…).
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Le songe de demain
Dans le vent songeur du soir,
plus rien ne peut l'émouvoir
et la plume du poète se tarit
sous la lune blanche qui sourit.
Quand la nuit devient ombreuse
son inspiration se fait creuse
alors que pèsent les rêves enfuis,
toujours à plus tard remis.
En demain il espère fébrilement,
attend de sa volage muse l'avènement,
il sait déjà qu'avec elle il repartira
dès que d'un clin d’œil elle l'y invitera.
~ Septembre 2020 ~
L’inspiration est compagne frivole et inconstante, que la main qui écrit (ou qui le voudrait !) soit masculine ou féminine 😏
Et c’est alors que je réfléchissais, un soir, à cette réalité que ces vers me vinrent... comme quoi l’inspiration sait aussi très bien se mettre en scène... ou plutôt en poème ! ✍️😁
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