Je n’oublie pas
Mesdames, Messieurs les professeurs,
pendant mon enfance et ma jeunesse,
de la maternelle à l’université,
en passant par le collège et le lycée,
vous avez fait partie intégrante de ma vie,
en cette période cruciale de l’existence
où l’apprentissage est essentiel
pour les jeunes esprits en formation.
Des décennies ont passé depuis
et il me faut bien reconnaître que,
dans les brumes confuses du temps,
les noms et visages de certains d’entre vous
se sont dilués jusqu’à l’oubli.
Mais il y a aussi - et surtout ! -
vous qui m’avez marquée,
dont je garde un souvenir précis,
qu’il soit bon ou mauvais,
vous qui m’avez accompagnée
pendant une ou plusieurs années.
Vous d’abord qui m’avez soutenue,
encouragée malgré mes difficultés,
qui m’avez aidée à me développer,
à progresser, à m’ouvrir au monde,
à devenir une adulte responsable,
vous qu’aujourd’hui encore,
si longtemps après la fin de ma scolarité,
il m’arrive d’évoquer, de nommer,
vous aussi qui avez tenté
de réveiller l’enfant rêveuse que j’étais,
qui m’avez sermonnée rudement parfois,
qui m’avez flanqué de mauvaises notes,
qui avez peut-être même désespéré
de faire entrer certaines notions dans ma caboche
décidément réfractaire à quelques matières.
Que j’ai gardé mémoire de vous ou non,
que votre souvenir me soit agréable ou pas,
une chose est certaine, indéniable :
vous avez compté pour moi
car vous m’avez transmis le savoir,
vous m’avez ouvert tout grand
le vaste champ de la connaissance,
vous avez contribué à faire de moi
la personne que je suis devenue.
Alors, pour tout ce que vous m’avez donné
en exerçant le noble métier d’enseigner...
merci !
Je n’oublie pas ce que je vous dois.
15 & 16 octobre 2021, alors qu’il était fait mémoire de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie au collège Bois d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), assassiné le 16 octobre 2020.
A cette occasion, j’avais souhaité rendre un hommage poétique aux enseignants qui m’ont accompagnée durant ma scolarité.
Mais j’étais loin d’imaginer que trois ans après ces faits tragiques, et deux ans après l’écriture de ce poème, un autre enseignant serait assassiné dans des circonstances similaires, Dominique Bernard, professeur de français au lycée Gambetta d’Arras, poignardé le 13 octobre 2023 (dont les obsèques auront lieu demain matin, jeudi 19 octobre, à 10h.)
C’est donc en hommage à ces deux enseignants, en pensée avec leurs proches, collègues et élèves, et en soutien au monde de l’éducation, que je publie ce texte aujourd’hui.
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