Nuances de plume

Nuances de plume

La nuit de l’étrange

 

~ Conte fantastique en vers libres ~

 

 

La pénombre s'insinue entre les arbres

de la forêt des Carpates où nous errons,

égarés, avec mon groupe de randonneurs.

 

Alors que la nuit va tomber,

nous ne retrouvons plus

notre chemin vers le village

et ne savons plus où aller,

tournant en rond depuis des heures.

 

Que faire ? Faut-il nous arrêter,

dormir ici, à la belle étoile,

sur ce tapis de feuilles mortes ?

Ne serait-ce pas dangereux ?

 

L'angoisse monte, devient palpable

quand l'un de nous aperçoit,

émergeant au-dessus des frondaisons,

un toit circulaire, étroit et pointu.

 

Nous sommes sauvés !

En toute hâte nous nous dirigeons

à travers les troncs et les fourrés

vers ce qui se révèle être un château

à mesure que nous approchons.

 

La lourde porte cloutée étant ouverte,

nous entrons, prudents et intimidés.

Un silence absolu règne en ce lieu

qui semble inhabité, abandonné.

 

Nous avisons, le long de la courtine,

une remise où reste un peu de paille

et décidons de nous y abriter,

d'y prendre quelque repos

en attendant le lever du jour.

 

A peine sommes-nous installés

qu'une foule nombreuse arrive,

envahit la cour, s'y éparpille

à la lueur de torches flambantes.

 

A notre grand effroi elle se compose

de démons cornus et poilus,

de sorcières échevelées et débraillées,

de gnomes hirsutes et difformes,

de vampires hautains et cadavériques,

de spectres décharnés et blafards,

de fantômes informes et fuyants.

 

Toute la nuit l'horrible troupe

mène bruyante sarabande et grand tapage

sous nos yeux sidérés et effarés.

 

Pendant qu'un prêtre damné

psalmodie une messe noire,

les convives font grasse ripaille

d'un plantureux banquet bien arrosé

et, débridés par l'atmosphère orgiaque,

forniquent sans retenue aucune,

laissant libre cours à leurs pulsions bestiales.

 

L'air s'emplit de relents pestilentiels,

d'un épouvantable tintamarre

de rires tonitruants, de ricanements grinçants,

de cris gutturaux et de râles sauvages,

à vous donner la chair de poule,

à vous faire dresser les cheveux sur la tête,

à vous figer le sang dans les veines,

à faire trembler la voûte céleste,

à faire s'éteindre les étoiles de peur.

 

Pris de terreur, nous nous efforçons

de rester discrets en notre refuge,

et aucune de ces créatures infernales,

par miracle, ne nous découvre.

 

La bacchanale diabolique

dure ainsi jusqu'à l'aube,

mais dès que l'obscurité pâlit,

l'assemblée démoniaque disparaît

d'un seul coup, laissant place nette,

comme si rien ne s'était passé.

 

Alors sans nous attarder un seul instant

à nous demander si cette nuit étrange

était cauchemar ou réalité,

rassemblant le courage qu'il nous reste,

nous prenons nos jambes à notre cou,

nous nous enfuyons de ce lieu maudit

à travers la forêt, droit devant nous…

 

… et nous retrouvons,

comme par enchantement,

au milieu de la place du village.

 

 

 

Octobre 2020

 

Halloween a beau ne pas faire partie de ma culture d’origine, s’il y a un poème à écrire sur le thème fantastique et à publier à cette occasion, je suis partante !! Lol !

 

 

px-downloadg1e40489a0ba6cac2a4f9c3bc99423e6137e0ec567dbe569c97145ab4fa31d81f9c46aabb19d0afd05764e1e5da025175_640

 

Photo d’illustration de tombud via Pixabay

 

 

À voir via le menu latéral:

Pour lire mes poèmes ➡️ Au fil des mots

Pour lire ma micropoésie ➡️ Brèves de plume

Pour découvrir mes créations graphiques et photos ➡️ Galerie d’images

Pour découvrir mes micropoèmes sur image ➡️ À l’image des mots

Pour en savoir plus sur ce site et lire ma biographie ➡️ Quoi, qui, comment?

 



31/10/2022
5 Poster un commentaire

A découvrir aussi